Le grand autel de PergameUne merveille de l'Antiquité

Le grand autel de Pergame et ses frises représentant la bataille entre les dieux de l’Olympe et les Géants font partie des pièces phares des collections antiques berlinoises. Mais comment ce monument érigé en Asie Mineure au IIe siècle avant Jésus-Christ sur les hauteurs de l’actuelle Bergama, en Turquie, est-il arrivé dans la capitale allemande ? Considéré dans l’Antiquité comme l’une des merveilles du monde, le grand autel, auquel ont contribué les meilleurs sculpteurs grecs, a été commandé par les souverains de Pergame, alors capitale du vaste royaume des Attalides, qui n’avait rien à envier à Athènes ni à Rome. Ses colonnes et ses frises ont ensuite été démontées au VIIIe siècle lors de la fortification de la cité, menacée par les raids arabes. Il faudra attendre 1871 pour que ses vestiges soient redécouverts par l’architecte prussien Carl Humann, avant le lancement des fouilles officielles en 1878. Conservés au musée de Pergame, à Berlin, les fragments originaux de l’édifice religieux ont été emportés à la fin de la Seconde Guerre mondiale par les Soviétiques. Lesquels les ont restitués en 1958 à la RDA, qui a fait de l’œuvre un symbole. Mythe du sauvetage Si le site antique de Pergame est inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco depuis 2014, de nombreuses voix s’élèvent en Turquie pour déplorer l’absence des vestiges sur sa terre natale. En compagnie de l’historienne de l’art Bénédicte Savoy et d’autres spécialistes, ce documentaire retrace l’histoire du monument, de sa construction à sa reconstitution muséale. Battant en brèche le mythe du sauvetage, il met ainsi en lumière les conditions épiques de sa redécouverte, sur fond de nouveaux équilibres géopolitiques et de montée en puissance de l’Empire allemand – qui ambitionnait alors de rivaliser avec Paris et Londres, y compris sur le plan culturel.